8 mars 2021
Journée internationale des droits des femmes - 4 questions à Karine Forien, vice-présidente Marque et Communication de Renault Trucks
Quel a été votre parcours professionnel ?
Je suis Karine Forien, 48 ans, deux enfants de 17 et 19 ans, et une carrière menée en très grande majorité chez Renault Trucks.
Au cours de ces 21 années chez Renault Trucks, j’ai eu la possibilité d’évoluer dans des domaines d’activité et des métiers très variés, à commencer par la direction Finance en tant que chef de projet, puis au Marketing en tant que responsable d’une équipe dédiée à la gestion des prix, avant de lancer une nouvelle activité de Business Intelligence à la Direction de la Stratégie.
Je venais d’un grand cabinet de conseil, aussi étais-je habituée à sans cesse changer d’environnement. Dans ce milieu réputé non genré, j’ai appris à m’adapter et à toujours considérer les femmes et les hommes avec le même respect : dans le conseil, on a coutume de dire « ni un homme, ni une femme, mais un consultant ». Je me comporte toujours ainsi dans le cadre professionnel.
Le premier grand pas a été pour moi de prendre la direction Énergies Alternatives et Efficacité énergétique de la marque. Ce poste m’a rendue visible et a certainement beaucoup aidé ma carrière : être une femme, ingénieur de l’école Centrale et titulaire d’un Master en mécanique des fluides, pour représenter les solutions du futur de l’industrie automobile représentait un avantage différentiel auprès des clients précurseurs, des partenaires technologiques et des institutions.
Mais l’expérience la plus formatrice de ma carrière est probablement ma prise de poste au sein du comité de Direction de Renault Trucks il y a cinq ans. J’ai dû franchir 3 marches en même temps : passer de responsable d’un projet en transversal à dirigeante d’une équipe de 40 personnes, d’un poste de directrice à celui de Vice-Présidente avec ses codes, et d’un métier orienté produit et technique à la communication où tout est message, même le silence. Au début, j’étais la seule femme du comité de direction. Aujourd’hui nous sommes trois.
L’entreprise évolue et je ne sous-estime pas ma responsabilité pour les générations de femmes qui suivent. J’ai à cœur de donner l’exemple : je dirige aujourd’hui une équipe composée de 37 personnes, dont 48 % de femmes, la parité presque parfaite.
Quel est votre conseil aux femmes pour évoluer professionnellement ?
Oser relever de nouveaux défis car rien n’est insurmontable et même lorsqu’on ne répond pas à toutes les exigences d’un poste, même s’il nous manque une compétence ou une expérience, il faut oser postuler et se lancer, comme le font les hommes, en se posant probablement moins de questions que nous.
Le choix de l'entreprise pour laquelle vous travaillez est lui aussi important, plus important que le métier lui-même car c’est l'entreprise, sa culture, et ses valeurs qui créent les conditions du parcours professionnel. Choisissez une entreprise qui prône l’égalité des chances, qui valorise la différence, qui est ouverte à l’innovation, y compris managériale, saisissez les occasions de développement que l’entreprise peut offrir et les connexions vers l’environnement extérieur, et surtout considérez les hommes et les femmes qui font l’entreprise.
Chez Renault Trucks, j’ai fait de belles rencontres avec des managers dotés d’une grande ouverture d’esprit qui m’ont fait confiance en me donnant la chance d’exercer un nouveau métier. Ils ont cru en ma capacité à m’adapter et à apprendre.
Et n’oubliez pas que c’est vous qui concevez votre propre chemin - ne laissez personne d’autre le faire à votre place, soyez acteur de votre carrière, surtout en tant que femme.
Avez-vous un exemple de comportement sexiste auquel vous avez dû faire face ?
Depuis mes études en mécanique à la fac, puis en école d’ingénieur, où nous n’étions que 10 % de filles, j’ai toujours évolué dans un monde majoritairement masculin. J’ai donc dû apprendre les bons codes et les bonnes attitudes, et les rares fois où j’ai pu être victime de comportement sexiste, notamment au début de ma carrière, j’ai su y faire face, en ne donnant jamais aucun point d’accroche à la personne qui tentait ce type d’attitude ou de remarque. En la matière, il ne faut rien tolérer.
Y’a-t-il une femme qui vous inspire, une référence ?
J’ai toujours eu beaucoup d’admiration pour les femmes qui ont su mener leur carrière jusqu’à occuper des postes à haute responsabilité, tout en conservant le bon équilibre entre leur vie professionnelle et leur vie privée, en étant toujours présentes auprès de leurs enfants et de leur conjoint, sans renoncement. C’est l’équilibre que j’essaye de maintenir en permanence. Cela demande une vigilance permanente pour ne pas se laisser embarquer.